Le gouvernement De Croo est le gouvernement fédéral du royaume de Belgique entre le et le , durant la 55e législature de la Chambre des représentants.
Formé 16 mois après les élections législatives fédérales, il est dirigé par le libéral néerlandophone Alexander De Croo et repose sur une coalition « Vivaldi » de sept partis entre socialistes, libéraux, écologistes des deux communautés et chrétiens-démocrates flamands.
Historique du mandat
Ce gouvernement est dirigé par le libéral néerlandophone Alexander De Croo, précédemment ministre fédéral des Finances. Il est constitué et soutenu par une coalition dite « Vivaldi » entre le Parti socialiste (PS), les Christen-Democratisch en Vlaams (CD&V), l'Open Vlaamse Liberalen en Democraten (Open VLD), le Mouvement réformateur (MR), Vooruit, Ecolo et Groen. Ensemble, ils disposent de 87 représentants, soit 58 % des sièges de la Chambre des représentants.
Il est constitué 494 jours après les élections législatives fédérales du .
Il succède donc au second gouvernement de la libérale francophone Sophie Wilmès, constitué par le CD&V, l'Open VLD et le MR et bénéficiant du soutien sans participation du PS, du Socialistiche Partij Anders (sp.a), d'Ecolo, de Groen, du Centre démocrate humaniste (cdH) et Démocrate fédéraliste indépendant (DéFI) dans le cadre de la gestion de la pandémie de Covid-19.
Série de missions royales
Cinq jours après le scrutin, le roi Philippe charge le ministre fédéral des Affaires étrangères libéral francophone Didier Reynders et le ministre d'État socialiste néerlandophone Johan Vande Lanotte d'une mission d'information. Les deux mandataires rendent leur rapport final plus de quatre mois plus tard, le , et appellent à des discussions entre la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA) et le Parti socialiste (PS), qui comptent le plus grand nombre de sièges, chacun dans sa communauté linguistique.
Le monarque convoque donc le lendemain l'ancien ministre-président flamand Geert Bourgeois (N-VA) et l'ancien ministre-président wallon et de la Communauté française Rudy Demotte (PS) et les désigne pré-formateurs. Le duo remet son rapport final au souverain dès le sur un constat d'échec. Le lendemain, le roi Philippe relance les discussions entre tous les partis en chargeant le bourgmestre de Charleroi et président du PS Paul Magnette d'une mission d'information. Il abandonne cette responsabilité le et se trouve remplacé par un binôme d'informateurs, les chefs du CD&V et du MR, Joachim Coens et Georges-Louis Bouchez,.
Ayant constaté l'échec du mandat des informateurs, le chef de l'État y met un terme le et confie une mission au ministre fédéral de la Justice chrétien-démocrate néerlandophone Koen Geens, sans lui accorder de titre particulier. Le mandataire royal s'efforce de rapprocher les points de vue des nationalistes flamands et des socialistes francophones, mais son échec le conduit à renoncer à sa mission le . Cinq jours après, le président de la Chambre des représentants libéral néerlandophone Patrick Dewael et la présidente du Sénat libérale francophone Sabine Laruelle sont missionnés par le palais royal pour « prendre les contacts politiques nécessaires permettant la mise en place d’un gouvernement de plein exercice ».
Gouvernement d'urgence pour cause de Covid-19
En raison de la progression de la pandémie de Covid-19, une solution transitoire émerge après une proposition en ce sens de plusieurs dirigeants politiques : former un gouvernement d'urgence, doté des pleins pouvoirs pour une durée de six mois ; mais après que le PS a refusé que cet exécutif soit dirigé par Bart De Wever (N-VA), dix partis s'entendent le pour que le gouvernement d'affaires courantes de Sophie Wilmès soit reconduit à l'identique. Reçue le lendemain en audience par le roi, la Première ministre sortante est donc désignée formatrice.
La Chambre accorde sa confiance au gouvernement Wilmès II par 88 voix pour et 44 voix contre, la N-VA, le Vlaams Belang (VB) et le Parti du travail de Belgique (PTB) s'y opposant.
Reprise des missions
Le , Paul Magnette et le président du sp.a Conner Rousseau annoncent qu'ils entament une série de contacts informels avec les autres chefs de partis, afin de connaître leurs vues sur la sortie de la période d'urgence ; Sophie Wilmès étant Première ministre de plein exercice, le roi Philippe ne peut en effet nommer d'informateur pour engager des discussions entre les formations politiques. Au bout d'un mois, ils proposent que la cheffe de l'exécutif prenne le relais. Face à leur proposition de mettre en place une alliance entre socialistes, libéraux et chrétiens-démocrates minoritaire, les présidents du CD&V, de l'Open VLD et du MR Joachim Coens, Egbert Lachaert et Georges-Louis Bouchez se montrent sceptiques et annoncent leur volonté de mener à leur tour des rencontres en vue d'agréger de nouveaux partenaires à la coalition orange-bleue au pouvoir.
Le trio de dirigeants travaille alors sur la mise sur pied d'une coalition dite « Arizona » entre leurs partis, la N-VA et le sp.a (dont les couleurs correspondent à celle du drapeau de l'État américain), mais le , Paul Magnette affirme que le PS serait prêt à gouverner avec la N-VA, ce qui conduit à la mise en retrait des dirigeants chrétiens-démocrates et libéraux. Après avoir été reçus par le souverain en audience le , Paul Magnette et Bart De Wever sont chargés d'une mission de pré-formation ; c'est la première fois qu'une mission entrant dans le cadre d'une formation gouvernementale est lancée tandis qu'un gouvernement de plein exercice est en responsabilités.
Le duo entre le nationaliste flamand et le bourgmestre wallon échoue cependant à convaincre tant les libéraux que les écologistes de se joindre à leur « bulle des cinq » (unissant leurs partis, le sp.a, le CD&V et le cdH). Ils doivent donc remettre leur démission au monarque le . Le lendemain, Egbert Lachaert est désigné mandataire royal sans titre particulier. Après avoir dégagé une potentielle majorité « Vivaldi » entre les familles socialistes, libérales, écologistes et les chrétiens-démocrates flamands (dont les couleurs correspondent aux quatre saisons, comme l'œuvre du compositeur italien), le président de l'Open VLD se voit adjoindre Conner Rousseau le et tous deux prennent le titre de pré-formateurs
Aboutissement
Après avoir frôlé la rupture entre six partis et le Mouvement réformateur, les dirigeants politiques néerlandophones rendent leur rapport final au roi le et recommandent officiellement l'ouverture de négociations entre le PS, le sp.a, l'Open VLD, le MR, Ecolo, Groen et le CD&V. Le palais royal y répond positivement et désigne le soir même Paul Magnette et le ministre fédéral des Finances libéral néerlandophone Alexander De Croo co-formateurs, ce qui ne permet pas de connaître encore le nom du futur Premier ministre. Comme convenu, le binôme de mandataires dépose un rapport au souverain le mais celui-ci n'est pas définitif : le roi les appelle à conclure dans les délais les plus brefs.
Un accord de coalition est conclu le après une nuit entière de négociations. Outre le programme gouvernemental, qui sera présenté à la Chambre des représentants le lendemain, cette entente tranche la question de la direction de l'exécutif, qui revient à Alexander De Croo. L'assermentation des 14 ministres fédéraux est prévue pour le matin du , juste avant la déclaration de politique générale. Dans la soirée, les sept partis partenaires ratifient l'accord de coalition à des majorités plus ou moins larges, allant de l'unanimité des délégués du PS au vote favorable de 73,9 % des militants CD&V.
La déclaration du gouvernement devant les députés a lieu le . En raison de la pandémie de Covid-19, celle-ci a lieu au Parlement européen, l'hémicycle du palais de la Nation étant trop petit pour accueillir l'ensemble des députés tout en respectant les mesures de distanciation physique. Le débat sur la déclaration gouvernementale se tient le . Le , la motion de confiance au gouvernement est votée par 87 voix pour et 54 voix contre ; les 5 députés du cdH et les 2 députés de DéFI se sont abstenus, préférant laisser le bénéfice du doute au nouvel exécutif.
Succession
Au cours des élections législatives, la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA) conserve son statut de première force politique flamande et nationale, tandis que le Mouvement réformateur (MR) devance le Parti socialiste (PS) comme premier parti francophone, que les partis écologistes sont sanctionnés et que l'Open Vlaamse Liberalen en Democraten (Open VLD) s'effondre. Dans son ensemble, la coalition Vivaldi perd sa majorité. Alexander De Croo annonce donc sa démission et se voit chargé des affaires courantes jusqu'à l'entré en fonction de son successeur.
Désigné formateur le , le nationaliste flamand Bart De Wever annonce le , près de sept mois et demi après les élections fédérales, la conclusion d'un accord de coalition entre la N-VA, le MR, Les Engagés, Vooruit et les Christen-Democratisch en Vlaams (CD&V). Les membres du nouveau gouvernement fédéral prêtent serment et entrent en fonction le au palais royal, devant le roi Philippe. Le , la Chambre des représentants accorde sa confiance à l'exécutif.
Composition
Remaniements
- Le , Sophie Wilmès annonce se mettre temporairement en congé de ses fonctions ministérielles en raison du cancer de son mari. Le temps de son absence, ses compétences sont réparties entre les différents ministres libéraux :
- Alexander De Croo devient ministre des Affaires étrangères et des Affaires européennes
- David Clarinval devient ministre du Commerce extérieur ; il devient également le vice-Premier ministre du MR.
- Mathieu Michel est chargé des Institutions culturelles fédérales.
- Le , Sammy Mahdi, secrétaire d'État à l'Asile et à la Migration, chargé de la Loterie nationale, démissionne après son élection à la présidence du CD&V. Il est remplacé par Nicole de Moor.
- Le , Sophie Wilmès annonce quitter ses fonctions ministérielles, transformant son congé temporaire en départ définitif. Le lendemain, le MR annonce qu'elle sera remplacée par Hadja Lahbib qui reprend l'ensemble de ses compétences à l'exception du poste de vice-Premier ministre qui est repris par David Clarinval (celui-ci occupant déjà ce poste par interim depuis le début du congé de Sophie Wilmès).
- Le , Meryame Kitir, ministre de la Coopération au développement et de la Politique des Grandes villes, annonce prendre un congé-maladie. Ses compétences sont temporairement reprises par le ministre Frank Vandenbroucke.
- Le , Eva De Bleeker, secrétaire d'État au Budget et à la Protection des consommateurs, démissionne après avoir été désavouée par le Premier ministre sur la préparation du projet de loi de finances pour 2023. Elle est remplacée par Alexia Bertrand, membre du MR qui rejoint également, à cette occasion, l'Open VLD.
- Le , Meryame Kitir (ministre de la Coopération au développement et de la Politique des Grandes villes), en congé-maladie depuis le 19 octobre 2022, est remplacée par Caroline Gennez.
- Le , Sarah Schlitz (secrétaire d'État à l’Égalité des genres, à l’Égalité des chances et à la Diversité) démissionne après avoir été accusée par la N-VA d'avoir demandé aux associations subsidiées par son secrétariat d'utiliser son logo personnel et non le logo officiel du secrétariat. Elle est remplacée le par Marie-Colline Leroy.
- Le 20 octobre 2023, Vincent Van Quickenborne (vice-Premier ministre, ministre de la Justice et de la Mer du Nord) démissionne après avoir appris qu'une demande d'extradition d'Abdesalem Lassoued par la Tunisie n'a pas été traitée par la justice belge, ce qui a rendu possible l'attentat de Bruxelles du 16 octobre 2023 ; en démissionnant, Vincent Van Quickenborne souhaite prendre la responsabilité politique de cette erreur. Le 22 octobre 2023, il est remplacé par Paul Van Tigchelt.
- Le 1er octobre 2024, Caroline Gennez (ministre de la Coopération au développement et de la Politique des Grandes villes) démissionne pour devenir ministre dans le gouvernement Diependaele. Ses compétences sont reprises par Frank Vandenbroucke (vice-Premier ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique).
- Le , Hadja Lahbib (ministre des Affaires étrangères, des Affaires européennes et du Commerce extérieur, et des Institutions culturelles fédérales) démissionne pour devenir commissaire européenne dans la commission Von der Leyen II. Elle est remplacée par Bernard Quintin le
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
- Politique en Belgique
- Gouvernement fédéral (Belgique)
- Élections législatives fédérales belges de 2019
Lien externe
- Site officiel du gouvernement fédéral belge
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